Gabon Matin vous livre l’intégralité du discours d’Ali Bongo du 7 novembre, prononcé à l’ouverture de la COP27 à Charm el-Cheikh (Egypte).
Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Mesdames et Messieurs,
Je tiens tout d’abord à adresser tous mes remerciements à mon très cher frère, son Excellence Monsieur Abdel Fattah el-Sisi, le Président de la République d’Égypte, pour l’organisation réussie de la 27eme Conférence des Parties sur les changements climatiques. Un an après Glasgow et à quelques semaines avant la COP sur la biodiversité, la COP 27 se tient à un moment crucial pour l’avenir de notre planète.
Excellence, Mesdames et Messieurs,
A Glasgow, nous avons constaté le gap considérable entre énos actions et nos engagements et c’est ici que nous devons rectifier cela. Sur la question cruciale du financement de l’action climatique, 13 ans après Copenhague, il est désormais temps de voir respecter la promesse de soutien des politiques climatiques des pays en développement, à hauteur de 100 milliards de dollars par an.
A titre d’exemple, la République Gabonaise comme les autres pays en développement, devrait pouvoir recevoir plusieurs centaines de millions de dollars par an issus de cette promesse. Ceci pour financer notre adaptation aux changements climatiques, notre juste transition énergétique et économique et pour récompenser nos efforts de séquestration nette de carbone.
Ce financement doit être transparent, effectif et surtout opérationnel. Malheureusement, la réalité sur le terrain en est très éloignée et l’Afrique consacre jusqu’à 9% de son PIB à la lutte contre le changement climatique. Cette question a été débattue au Gabon dans le cadre de la semaine africaine sur le climat, qui a réuni près de 2500 participants et dont je me fais aujourd’hui le porte-parole.
Excellence, Mesdames et Messieurs,
La République Gabonaise est située sur l’Equateur, sur la côte Ouest de l’Afrique. Les forêts tropicales humides du Bassin de l’Ogooué couvrent quatre-vingt-huit pour cent de notre pays. Grâce à cinq décennies de gouvernance solide sur les questions forestières, notre taux de déforestation s’est maintenu bien en dessous de zéro virgule cinq pour cent et nous sommes probablement le pays le plus positif en termes de carbone sur terre. Depuis mon engagement ferme pour la lutte contre le changement climatique à Copenhague, nous avons absorbé près de 1,5 milliard de tonnes de dioxyde de carbone de l’atmosphère. Comme indiqué dans notre deuxième CDN, le Gabon s’est engagé à rester neutre en carbone au-delà de 2050.
Par ailleurs, et sous réserve d’investissements dans nos forêts et de paiements carbone appropriés, nous espérons continuer à absorber plus de 100 millions de tonnes de dioxyde de carbone par an. Nous faisons partie du Bassin Ogooué Congo, souvent appelé le deuxième poumon de la planète.
Le Bassin Ogooué Congo stocke près de dix ans d’émissions mondiales de carbone. Nos forêts s’avèrent plus résistantes au changement climatique que les autres grands bassins forestiers, ce qui fait de nous le poumon le plus sain de la planète. Malgré le statut de « Haut Couvert Forestier et Faible Déforestation » du Gabon, au cours de la dernière décennie, nous avons réduit les émissions de carbone de nos forêts de 90 millions de tonnes, ce qui nous a valu la validation récente par la @CCC, de nos crédits REDD+.
Cela fait du Gabon l’un des pionniers de la REDD+ en Afrique et il était évident, lors de la Semaine Africaine du Climat, que les yeux du continent, voire du monde en développement, soient braqués sur les efforts de commercialisation de ces crédits. Si nous réussissons, cela encouragera d’autres nations à émettre des crédits REDD+ souverains, créant ainsi les conditions favorables pour que nous puissions nous appuyer sur les modestes marchés volontaires du carbone forestier et capitaliser sur le potentiel de la nature pour nous rejoindre dans la lutte contre le changement climatique. Ce sera l’un des thèmes principaux du ‘’One Forest Summit’’ que je prévois de co-organiser avec le Président Macron à Libreville en mars prochain.
Si chaque nation se concentre sur sa capacité à lutter contre le changement climatique, en réduisant ses émissions industrielles, en optimisant son agriculture, en innovant technologiquement ou en exploitant le potentiel de nos écosystèmes à absorber le carbone bleu et vert, comme nous l’avons fait avec la COVID-19, ensemble nous pourrons nous unir et trouver des solutions plutôt que des différences.
Charm el-Cheikh, le 07 novembre 2022
Auteur : Gabon Matin