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Covid-19 : l’OMS réactualise les lignes directrices sur la quarantaine

Covid-19 : l’OMS réactualise les lignes directrices sur la quarantaine © 2020 D.R./GabonSoir

Alors que plusieurs Etats ont imposé une mise en quarantaine pour des personnes de retour de pays ou région présentant un risque élevé d’infection du nouveau coronavirus, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis à jour ce jeudi ses lignes directrices relatives au placement en quarantaine de personnes dans le cadre de l’endiguement de la Covid-19.

Si vous avez été en contact étroit avec une personne qui a été testée positive au nouveau coronavirus (SARS-CoV-2) ou vous revenez d’un pays ou d’une zone présentant un risque élevé d’infection, ces lignes directrices fournissent ainsi des orientations actualisées pour la mise en œuvre de la quarantaine, ainsi que des orientations supplémentaires sur la ventilation et les soins aux enfants en quarantaine.

Par quarantaine, l’OMS entend « la restriction des activités et/ou la séparation des personnes suspectes (...) qui ne sont pas malades de manière à prévenir la propagation éventuelle d’une infection ou d’une contamination  ». Pour l’agence onusienne, il existe deux scénarios dans lesquels la quarantaine peut être mise en œuvre, notamment pour les voyageurs provenant de zones à transmission communautaire et pour les contacts de cas probables ou confirmés connus.

Recommandations pour la mise en œuvre de la quarantaine

Tous les contacts des personnes présentant un cas confirmé ou probable de Covid-19 doivent être mis en quarantaine dans un lieu désigné ou à leur domicile pendant 14 jours à compter de leur dernière exposition.

L’OMS a défini les contours de la personne qui doit être mise en quarantaine. « Un contact est une personne qui se trouve dans l’une des situations suivantes à partir de deux jours avant et jusqu’à 14 jours après l’apparition des symptômes dans le cas confirmé ou probable de Covid-19  », relève l’agence onusienne, qui ajoute que la personne a été en contact étroit avec une personne dont l’infection au nouveau coronavirus a été confirmée en laboratoire ou probable.

Un contact étroit signifie que vous vous êtes trouvé à proximité (moins de 1,5 mètre) d’une personne présentant un cas de Covid-19 pendant plus de 15 minutes sans protection (sans masque d’hygiène ou de barrière physique comme une paroi en plastique). Il s’agit aussi d’un contact physique direct avec un cas probable ou confirmé de Covid-19.

Dans le cas où une décision de mise en quarantaine est prise, l’OMS invite les autorités à s’assurer que « des dispositions adéquates en matière d’alimentation, d’eau, de protection, d’hygiène et de communication puissent être prises pour la période de quarantaine ». L’objectif est de mettre en œuvre toutes « les mesures de prévention et de contrôle des infections (IPC)  », mais aussi le respect pendant la quarantaine des exigences relatives à la surveillance de la santé des personnes.

Reconnaissance et contrôle précoces

Dans le cadre des quarantaines, l’OMS propose des pistes pour effectuer des contrôles précoces. Ainsi toute personne qui développe une maladie fébrile ou des symptômes respiratoires à un moment quelconque de la période de quarantaine doit être traitée et prise en charge comme un cas suspect de Covid-19. L’agence onusienne recommande que cette personne soit immédiatement isolée.

« Assurez-vous que le site de quarantaine dispose d’un centre de référence désigné et d’une procédure claire pour toute personne symptomatique », a précise l’OMS. Une salle désignée (ou, si ce n’est pas possible, une zone désignée) est recommandée pour isoler toute personne qui développe des symptômes, si le site utilise des salles communes, en attendant de transférer la personne au centre de référence.

Protection et prise en charge des enfants 

Les personnes mises en quarantaine doivent avoir accès aux soins de santé ainsi qu’à un soutien financier, social et psychosocial. Outre la protection, il s’agit aussi de répondre aux besoins fondamentaux, notamment en matière de nourriture, d’eau, d’hygiène. Un tel dispositif doit également prendre en compte les besoins des membres du ménage et les enfants dont elles s’occupent ou dont elles prennent soin. « Les besoins des populations vulnérables doivent être prioritaires  », insiste l’OMS.

A cet égard, l’agence onusienne conseille aux autorités d’éviter la séparation des familles lors de la mise en œuvre de la quarantaine. Une façon de rappeler l’importance de mettre en balance le bien-être des enfants et le risque potentiel de transmission de la Covid-19 au sein de la famille. « Toute décision de séparer un enfant de la personne qui s’occupe de lui lors de la mise en œuvre de la quarantaine doit tenir compte des conséquences possibles de la séparation familiale », fait remarquer l’OMS.

Garantir un cadre approprié à domicile, dans les hôtels ou les dortoirs

La mise en œuvre de la quarantaine implique également l’utilisation ou la création d’installations appropriées dans lesquelles une ou plusieurs personnes sont physiquement séparées de la communauté tout en étant soignées. « Les lieux de quarantaine possibles sont les hôtels, les dortoirs, les autres installations destinées aux groupes ou le domicile du contact », fait valoir l’OMS.

Elle ajoute que les personnes mises en quarantaine doivent être placées dans des pièces suffisamment ventilées. La quarantaine doit s’opérer dans des lieux avec de grandes quantités d’air frais et propres à l’extérieur pour contrôler les contaminants et les odeurs.

En revanche, la personne mise en quarantaine à domicile doit occuper une chambre individuelle bien ventilée ou, si une chambre individuelle n’est pas disponible, maintenir une distance d’au moins un mètre avec les autres membres du ménage. L’utilisation d’espaces communs, de vaisselle et de couverts doit être réduite au minimum, et les espaces communs (tels que la cuisine et la salle de bain) doivent être bien ventilés.

Contrôles environnementaux 

Concernant le contrôle environnemental des lieux de quarantaine, l’OMS recommande que des procédures de nettoyage et de désinfection soient suivies « de manière cohérente et correcte ». Il s’agit aussi de nettoyer et désinfecter, au moins une fois par jour, toutes les surfaces fréquemment touchées telles que les tables de chevet, les cadres de lit et autres meubles de chambre à coucher.

« Nettoyer et désinfecter les surfaces des salles de bain et des toilettes au moins une fois par jour  », insiste l’OMS.

L’autre volet hygiénique consiste à laver les vêtements, les draps de lit, les serviettes de bain et les essuie-mains à l’eau et au savon ordinaires. On peut aussi les laver à la machine à 60-90 °C, avec un détergent pour linge courant, et les faire sécher complètement. 

Ces mesures s’appliquent à la fois à la quarantaine dans une installation désignée et à la quarantaine à domicile.

Climatisation et ventilation à l’ère du Covid-19

Dans certaines régions du monde, c’est l’été et les grandes chaleurs sont alors de retour, avec la particularité cette année, que la canicule s’installe dans un contexte de risque épidémique. En cette période de canicule, où tout le monde aspire à se rafraîchir, y a-t-il un risque à utiliser un climatiseur d’air ou un ventilateur, alors que le coronavirus est toujours en activité ?

Pour l’OMS, il existe trois critères de base pour la ventilation. Il s’agit dans un premier temps du taux de ventilation, notamment la quantité et la qualité de l’air extérieur fourni dans l’espace, la direction du flux d’air, et la distribution de l’air ou le schéma de circulation de l’air. Car « l’apport d’air à chaque partie de l’espace peut améliorer la dilution et l’élimination des polluants de l’espace ». 

Ainsi pour les installations de quarantaine, une ventilation de 60 litres/seconde par personne est adéquate pour les zones ventilées naturellement ou 6 changements d’air par heure pour les zones ventilées mécaniquement.

L’OMS rappelle que la direction du flux d’air peut être évaluée en mesurant la différence de pression entre les pièces à l’aide d’un manomètre différentiel. Si la mesure de la différence de pression n’est pas possible, la direction du flux d’air d’une zone propre à une zone moins propre peut être évaluée à l’aide de la fumée froide (l’évacuation de la fumée devrait se faire dans les quelques secondes qui suivent le dégagement). Des bâtonnets d’encens peuvent également être utilisés si des bouffées d’essai de fumée froide ne sont pas disponibles. « Les personnes qui effectuent cette mesure doivent être conscientes des risques d’incendie », alerte toutefois l’OMS.

A domicile, privilégier la ventilation naturelle 

Pour la quarantaine à domicile, l’OMS recommande la possibilité d’utiliser la ventilation naturelle, en ouvrant les fenêtres si cela est possible et sans danger. Pour les systèmes mécaniques, augmentez le pourcentage d’air extérieur, en utilisant des modes économiseurs de fonctionnement des systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation (CVC) et potentiellement jusqu’à 100 %.

Avant d’augmenter le pourcentage d’air extérieur, l’agence onusienne conseille de vérifiez la compatibilité avec les capacités du système CVC pour le contrôle de la température et de l’humidité. La compatibilité avec les considérations de qualité de l’air extérieur/intérieur doit également être vérifiée.

Retour de voyage et quarantaine

Avec toutes ces lignes directrices, l’OMS entend ainsi rappeler que le recours à la quarantaine dans le cadre des mesures relatives aux voyages peut retarder l’introduction ou la réintroduction du SRAS-CoV-2 dans un pays ou une région, ou retarder le pic de transmission, ou les deux. « Toutefois, si elle n’est pas correctement mise en œuvre, la mise en quarantaine des voyageurs peut créer des sources supplémentaires de contamination et de propagation de la maladie », avertit-elle.

L’agence onusienne note que des recherches récentes montrent que, lorsqu’elle est mise en œuvre conjointement avec d’autres interventions de santé publique, la quarantaine peut être efficace pour prévenir de nouveaux cas de Covid-19 ou des décès. « Si les États membres choisissent de mettre en œuvre des mesures de quarantaine pour les voyageurs à leur arrivée à destination, ils doivent le faire sur la base d’une évaluation des risques et en tenant compte des circonstances locales », ajoute l’OMS.

Néanmoins, la mise en quarantaine des contacts n’est pas la seule réponse et doit s’accompagner de plusieurs autres mesures de santé publique essentielles qui brisent les chaînes de transmission. Celles-ci sont au cœur de cette stratégie globale, notamment l’identification, l’isolement, les tests et les soins cliniques pour tous les cas. La distanciation physique d’au moins un mètre combinée à une hygiène des mains et une étiquette respiratoire fréquentes sont également recommandées. « Ces trois composantes devraient être au centre de chaque réponse nationale à la Covid-19 », conclut l’OMS.

Auteur : Rédaction GabonSoir


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