A la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies, le Président de la République centrafricaine, Faustin Archange Touadéra, a décrit jeudi les ravages du changement climatique et demandé une meilleure prise en compte des liens entre le climat, la sécurité et le développement.
Le Président centrafricain a remercié le Conseil de sécurité d’avoir levé, le 30 juillet dernier, l’embargo sur les armes imposé depuis une décennie aux Forces armées centrafricaines et appelé à une décision similaire pour l’embargo sur les diamants imposé par le processus de Kimberley, qui touche un pays « à forte potentialité minière ».
Déplorant une situation mondiale très turbulente, marquée par des crises géopolitiques croissantes qui contribuent à la détérioration économique et à la hausse des prix des carburants qui étouffent la croissance en Afrique, Faustin Archange Touadéra a néanmoins confirmé que la situation sécuritaire de son pays est « relativement stable » cette année.
Alors que la République centrafricaine entend renforcer son ancrage démocratique en se préparant à ses premières élections municipales et régionales depuis quarante ans, son Président a assuré que des mesures sont prises pour mettre hors d’état de nuire des groupes armés résiduels, qui, faute de pouvoir contrôler une partie du territoire, se livrent selon lui à des actes de banditisme et de trafic de ressources naturelles dans le but d’acquérir des équipements militaires.
Le Président Touadéra a jugé que la 10eme Session du Comité stratégique du DDRR (Désarmement, démobilisation, relèvement et réinsertion des combattants) et la commémoration à Bangui du mois de l’amnistie en Afrique par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, quelques jours plus tôt, constituent des avancées significatives pour l’Accord politique pour la paix et la réconciliation nationale et la feuille de route conjointe de Luanda.
Mais il a reconnu que la République centrafricaine, où est déployée une Mission de paix des Nations Unies ( MINUSCA ), « fait face à de nombreux défis » et nécessite des casernes dans les zones proches de menaces ainsi que du matériel militaire pour ses forces de défense et de sécurité.
Faustin Archange Touadéra a aussi abordé les effets dramatiques du changement climatique. « Les inondations meurtrières, la sécheresse et les gigantesques incendies observés dans le monde entier, présentent des risques qui vont de l’insécurité alimentaire et hydrique, et de la concurrence pour les ressources naturelles à la perte des moyens de subsistance, ainsi qu’aux déplacements des populations », a-t-il dit, insistant sur les implications de ces risques pour la paix, la sécurité et le développement à travers tous les continents.
« En Afrique subsaharienne, épicentre des crises humanitaires, les catastrophes environnementales ont entraîné cette année plus de 1.000 morts et 4 millions de réfugiés climatiques ainsi que des dégâts matériels inestimables, particulièrement au Tchad voisin où le bilan des victimes s’est alourdi après des jours de fortes pluies qui ont provoqué des inondations généralisées et contraint à des évacuations », a-t-il déploré.
Il a souligné le sort des pays en développement, « appauvris par des siècles d’esclavage, de colonialisme et de néocolonialisme, soumis à l’ingérence dans leurs affaires intérieures, à l’injustice dans les prix des matières premières et les conditions imposées par l’architecture financière internationales ». Ces pays « assistent impuissants aux défis sécuritaires, financiers, économiques, alimentaires et environnementaux », a-t-il ajouté.
Le Président centrafricain a déploré que « les promesses de financement en faveur des pays vulnérables tardent à prendre forme » et que « les mesures d’atténuation prises à l’occasion des COP (Conférences des Nations Unies sur le climat) face à la montée inquiétante de la température changent comme la météo, au gré des intérêts politiques, géopolitiques et géostratégiques des grandes puissances ».
Exhortant l’ONU à œuvrer davantage pour lier adaptation climatique et consolidation de la paix, le Président centrafricain a reconnu que les Etats-Unis « ont fait un pas » en soutenant la création de deux sièges permanents pour l’Afrique au Conseil de sécurité et d’un siège tournant pour les petits pays insulaires en développement, mais il a regretté, au regard de l’évolution du monde, que « cette proposition ne puisse s’analyser autrement que par un déni perpétuel du droit de veto ».
Auteur : Gabon Matin