Les opérations humanitaires, le soutien au développement et les programmes de paix au Niger se poursuivent après le coup d’État militaire de cette semaine, a déclaré vendredi la plus haute responsable de l’ONU dans le pays lors d’une visioconférence de presse avec des journalistes à New York.
Nicole Kouassi, Coordinatrice résidente et Coordinatrice humanitaire par intérim des Nations Unies, s’exprimait depuis la capitale, Niamey, quelques heures après que le général dont les troupes ont séquestré le Président démocratiquement élu a déclaré qu’il prenait le contrôle du pays.
Au nom des agences de l’ONU sur le terrain, elle s’est fait l’écho de la condamnation par le Secrétaire général des Nations Unies du coup d’État de mercredi contre le président Mohamed Bazoum, qui serait toujours retenu à son domicile.
Mme Kouassi s’est inquiétée de la « situation difficile » actuelle au Niger, où 4,3 millions de personnes, principalement des femmes et des enfants, dépendaient déjà de l’aide avant le coup d’État.
Quelques 3,3 millions de personnes sont confrontées à l’insécurité alimentaire, alors que l’appel de fonds de 534 millions de dollars n’est financé qu’à hauteur d’un peu plus de 30%, a-t-elle déclaré, appelant à un soutien accru.
Les Nations Unies et les groupes d’aide internationale n’ont pas cessé d’acheminer l’aide dans le contexte de la crise. Cependant, les vols du Service aérien humanitaire des Nations Unies (UNHAS) ont été temporairement suspendus en raison de la fermeture de l’espace aérien et des frontières territoriales.
« Tous les partenaires humanitaires et de développement restent engagés à soutenir la population vulnérable du Niger qui est affectée par une combinaison de problèmes climatiques, de chocs économiques et sécuritaires dans le contexte de besoins humanitaires et de développement très élevés », a dit la haute responsable onusienne.
Selon le Directeur national du Programme alimentaire mondial ( PAM ), Jean-Noël Gentile, « la réponse humanitaire se poursuit sur le terrain et n’a jamais cessé ».
Le PAM fournit une aide en espèces et une aide alimentaire au Niger et évaluera en permanence la situation pour s’assurer que son personnel et ses partenaires puissent accéder en toute sécurité aux personnes dans le besoin.
« Ce n’est que si la sécurité est un problème que nous pourrons suspendre temporairement certaines opérations dans certaines zones. Mais ce n’est pas le cas actuellement », a-t-il déclaré.
La crise pourrait potentiellement affecter la réponse humanitaire dans l’ensemble de la région, qui continue à faire face aux impacts des conflits, de la sécheresse, de l’insécurité et d’autres défis.
M. Gentile a indiqué que le PAM a récemment établi une plate-forme logistique à Niamey comme point de transit pour les zones difficiles à atteindre dans les pays voisins, le Burkina Faso et le Mali, qui ne sont accessibles que par le Niger.
L’agence a également facilité l’acheminement de l’aide humanitaire au Tchad, qui accueille actuellement des centaines de milliers de personnes fuyant le conflit au Soudan. « La fermeture des frontières suspendra donc temporairement ce soutien logistique transfrontalier vital ».
M. Gentile a déclaré que le PAM travaillait sur des itinéraires alternatifs dans les deux cas.
Pendant ce temps, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés, le HCR , n’a pas été témoin de « mouvements particuliers » liés au coup d’Etat, a dit Emmanuel Gignac, Représentant adjoint au Niger.
Le HCR surveille les mouvements réguliers de personnes déplacées à l’intérieur du Niger ou les flux de réfugiés en provenance du Burkina Faso, du Mali et du nord-ouest du Nigéria.
En réponse à une question d’un journaliste, Mme Kouassi a affirmé que les agences de l’ONU étaient en contact avec les militaires, soulignant qu’elles n’avaient pas de mandat politique.
Les journalistes ont également demandé s’il y avait eu des signes avant-coureurs avant le coup d’État, ou si les fonctionnaires de l’ONU avaient vu du personnel de la société militaire privée russe Wagner Group au Niger. Mme Kouassi a répondu par la négative à ces deux questions.
« Aucun signe avant-coureur n’a été remarqué », a dit la Coordinatrice résidente ajoutant, « Nous nous sommes réveillés le matin et nous avons été confrontés à la situation. Et à ce jour, aucun signe de Wagner du point de vue de l’ONU ».
Auteur : Gabon Matin