L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que les décès directement ou indirectement attribués à la pandémie de Covid-19 sont probablement « largement supérieurs » aux chiffres officiels. Officiellement, 1,8 million de victimes directes de la pandémie ont succombé l’année dernière. Mais l’OMS estime qu’entre 6 et 8 millions de personnes pourraient être décédées à ce jour, soit une surmortalité causée par la pandémie deux à trois fois plus élevée que ne l’indiquent les bilans officiels.
« A la date du 31 décembre 2020, les estimations préliminaires suggèrent que le nombre total de décès mondiaux attribuables à la pandémie de Covid-19 en 2020 est d’au moins 3 millions, soit 1,2 million de décès de plus que les 1,8 million officiellement déclarés », relève l’OMS dans son rapport sur les statistiques sanitaires mondiales 2021 et les estimations de la surmortalité mondiale du nouveau coronavirus.
Dans les Amériques, entre 1,3 à 1,5 million de morts, 60% de plus que le nombre de victimes directes
« Ce chiffre de 1.8 millions de morts serait vraiment deux à trois fois plus élevé. A mon avis, le chiffre de 6 à 8 millions de décès pourrait être une estimation prudente », a déclaré vendredi Samira Asma, la Sous-Directrice générale de la division des données et de l’analyse de l’OMS, lors d’un point de presse virtuel organisé depuis Genève.
Les évaluations préliminaires de la surmortalité estiment à entre 1,34 et 1,46 million le nombre de décès excédentaires dans la région des Amériques en 2020. Il s’agit d’environ 60% de plus que les 860.000 décès signalés dans le cadre de l’enquête. De même, entre 1,11 et 1,21 million de décès en excès sont estimés en Europe, soit le double des 590.000 décès signalés dans le rapport.
Selon l’agence sanitaire mondiale de l’ONU, il existe aussi des lacunes importantes dans les données du continent africain, de la Méditerranée orientale, de l’Asie du Sud-Est et du Pacifique occidental. Dans ces quatre régions sanitaires de l’OMS, un peu plus de 360.000 décès dus à la Covid-19 ont été signalés pour cette période.
La pandémie a un impact sur la longévité des populations
L’OMS impute cette « estimation » des décès non signalés liés au coronavirus et les décès indirects, entre autres, au manque de capacité hospitalière et aux restrictions des déplacements. Des pays prennent ainsi du temps pour notifier leurs décès, tandis que dans certains Etats, des personnes meurent sans avoir été testées.
« Chaque pays est confronté à des difficultés pour déclarer les décès dus à la Covid-19, et l’OMS travaille avec toutes les parties prenantes pour affiner les modèles statistiques et obtenir des chiffres exacts », assure l’agence onusienne, relevant que les estimations mondiales et régionales de la surmortalité seront suivies des estimations par pays plus tard dans l’année.
Plus généralement, la pandémie a un impact sur la longévité des populations. Certains pays mentionnent déjà un recul de deux à trois ans de cet indicateur. Autre donnée, le nouveau coronavirus devrait figurer dans les 10 maladies les plus mortelles l’année dernière.
La Covid-19 fait peser des menaces majeures sur la santé
De plus, la pandémie de Covid-19 fait peser des menaces majeures sur la santé et le bien-être de la population à l’échelle mondiale et entrave les progrès dans la réalisation des Objectifs du développement durable (ODD) et des objectifs du « triple milliard » de l’OMS. Avec 90% des pays signalant des perturbations des services de santé essentiels et 3% des ménages dépensant plus de 25% de leur budget pour les soins de santé en 2015.
Selon l’agence onusienne, le nouveau coronavirus a un impact disproportionné sur les populations vulnérables, les personnes vivant dans des environnements surpeuplés étant les plus exposées. Le manque de désagrégation des données contribue à l’inégalité des résultats en matière de santé, seuls 51% des pays incluant des données désagrégées dans les rapports statistiques nationaux.
Sept des 10 causes de décès dans le monde en 2019 liés aux maladies non transmissibles
Plus largement, l’espérance de vie mondiale à la naissance est passée de 66,8 ans en 2000 à 73,3 ans en 2019, et l’espérance de vie en bonne santé de 58,3 ans à 63,7 ans. Les gains les plus importants sont réalisés dans les pays en développement, principalement en raison des réductions rapides de la mortalité infantile et des maladies transmissibles.
L’un des chapitres du rapport a porté sur le tabagisme mondial, qui a diminué de près du tiers depuis 2000. L’obésité des adultes est en hausse, avec jusqu’à un quart des populations des pays à revenu élevé obèses en 2016. Les maladies non transmissibles représentaient 7 des 10 causes de décès dans le monde en 2019.
Le rapport « Statistiques sanitaires mondiales 2021 » de l’OMS présente les données les plus récentes sur plus de 50 indicateurs cibles des Objectifs de développement durable et du « triple milliard » liés à la santé. L’édition 2021 met l’accent sur les inégalités persistantes en matière de santé et sur les lacunes en matière de données qui ont été accentuées par la pandémie, avec un appel à investir de toute urgence dans les systèmes d’information sur la santé afin que le monde soit mieux préparé grâce à de meilleures données.
Auteur : Rédaction GabonSoir