Nous vous livrons la lettre ouverte de Claude Marie Andtoungou au président de la République pour avoir dépénalisé l’homosexualité au Gabon.
Monsieur le Président,
Me permettez-vous, dans ma gratitude pour le bienveillant accueil que vous m’avez fait un jour, d’avoir le souci de votre juste gloire et de vous dire que votre étoile, si heureuse jusqu’ici, est menacée de la plus honteuse, de la plus ineffaçable des taches ?
Vous êtes sorti sain et sauf des basses calomnies, vous avez conquis les cœurs. Vous apparaissez rayonnant dans l’apothéose de cette pandémie qu’est le Covid-19, et vous vous préparez à présider au solennel triomphe de notre victoire contre le COVID19. Mais quelle tache de boue sur votre nom — j’allais dire sur votre règne — que cette abominable affaire de la dépénalisation de l’homosexualité ! le Parlement vient, en dissidence avec la voix du peuple qu’il représente , d’oser acquitter un crime contre nos valeurs africaines, nos convictions de croyants, soufflet suprême à toute vérité, à toute justice. Et c’est fini, le Gabon a sur la joue cette souillure, l’histoire écrira que c’est sous votre présidence qu’un tel crime social a pu être commis.
Puisqu’ils ont osé, j’oserai aussi, moi. La vérité, je la dirai, car j’ai promis de la dire, si la justice, régulièrement saisie, ne la faisait pas, pleine et entière.
Mon devoir est de parler, je ne veux pas être complice. Mes nuits seraient hantées par le spectre de l’innocent qui expie là-bas, dans la plus affreuse des tortures, un crime qu’il n’a pas commis. Et c’est à vous, Monsieur le Président, que je la crierai, cette vérité, de toute la force de ma révolte d’honnête femme. Pour votre honneur, je suis convaincue que vous l’ignorez. Et à qui donc dénoncerai-je la tourbe malfaisante des vrais coupables, si ce n’est à vous, le premier magistrat du pays ?
Le peuple gabonais, a pris sa responsabilité devant *Dieu et devant l’Histoire, d’assurer son indépendance et son unité nationale, d’organiser la vie commune d’après les principes de la souveraineté nationale, de la démocratie pluraliste, de la justice sociale et de la légalité républicaine (L. 14/2000 du 11 octobre 2000)*
L’homosexualité est interdite dans la Bible parce qu’elle est contraire à la sainte volonté de Dieu et qu’elle transgresse l’ordre créationnel. Lévitique 18:22 dit qu’elle est « en horreur » à l’Eternel. Cela veut dire que certaines choses sont inconciliables avec la nature de Dieu et sont par conséquent refusées par lui. Pour un Pays dont la démographie est un handicap pour la croissance économique.
La dépénalisation de l’homosexualité n’a été fait que pour cacher le plus saugrenu des romans feuilletons.
Pendant que l’on dépénalisait l’homosexualité au Gabon,
Les études montrent que les adolescents vivent la nuit, leur biorythme les poussant à veiller tard et à se réveiller tard. Pourtant, les cours commencent à 07h30. Les études montrent que la moyenne et les résultats aux examens ne sont pas des données fiables pour prédire la réussite dans les études, que ce soit dans la vie professionnelle ou personnelle, pourtant on se sert encore de ces données pour décider qui ira à la fac ou pas et je pourrais continuer mais vous avez compris l’idée.
Pourquoi le système ne s’adapte-t-il pas ?
Je vais me permettre de vous dire pourquoi, parce que le système se préoccupe plus de lui-même que des générations futures. Ce système a été assez généreux pour me donner une chance de me sortir des abysses, et je lui en suis reconnaissant soyez-en sûr mais je ne suis pas contrit, je suis le contraire de contrit. Le système ne récompense même pas les élèves modèles, les professionnels des examens,
Pendant que l’on dépénalisait l’homosexualité,
Le système garde des Haut-cadres, d’honnêtes et brillants hommes et femmes valides, qui se sont dévolus pour la nation à la maison pendant que notre administration est animée par des partisans du moindre effort, ennemis de l’excellence ;
Pendant que l’on dépénalisait l’homosexualité,
Les produits frais du terroir ne sont pas accessibles aux foyers modestes ; les coupures d’eau et d’électricité sont normalités alors que l’on reçoit des factures toutes les fins de mois ; la bouteille d’eau Andza 1,5l est vendue à 1050FCFA dans les pharmacies,
Pendant que l’on dépénalisait l’homosexualité,
Il est impossible de dire le nombre exact de Gabonais nés et décédés durant les dernières 24h, les statistiques sont aléatoires et inexactes ;
Pendant que l’on dépénalise l’homosexualité,
La criminalité est grandissante, nous nous prostituons pour subvenir à nos besoins élémentaires, on a des diplômes qui ne valent rien puisque nous sommes nombreux à étudier l’informatique en théorie, le chômage devient viral ;
Pendant que l’on dépénalisait l’homosexualité,
Libreville n’a pas de bibliothèque municipale, le savoir est galvaudé et piétiné ...
Pendant que l’on dépénalisait l’homosexualité, l’économie est aux abois, les populations gardées dans un flou scandaleux, la corruption et la délation sont des sports nationaux ;
Mais cette lettre est longue, monsieur le Président, et il est temps de conclure.
J’accuse le Parlement d’avoir été l’ouvrier diabolique de cette erreur, en inconscient, je veux le croire, et d’avoir ensuite défendu son œuvre néfaste, par les machinations les plus saugrenues et les plus coupables.
J’accuse le Premier Ministre de s’être rendu complice, tout au moins par faiblesse d’esprit, d’une des plus grandes iniquités que le Gabon n’est jamais connue.
J’accuse la Cour Constitutionnelle d’avoir eu entre les mains les preuves certaines de l’inconstitutionnalité de cette Loi et de les avoir étouffées, de s’être rendue coupable de ce crime de lèse humanité et de lèse-justice, dans un but politique et pour sauver le Parlement compromis.
J’accuse l’Eglise de s’être rendue complice du même crime, par passion cléricale, peut-être par cet esprit de de médiocrité qui fait des autorités politiques l’arche sainte, inattaquable. J’accuse le Peuple gabonais pour son immobilisme, un impérissable monument de naïve audace. J’accuse les experts en écritures, les journalistes, d’avoir fait des parutions légères, à moins qu’un examen médical ne les déclare atteints d’une maladie de la vue et du jugement.
Je n’ai qu’une passion, celle de la lumière, au nom du Gabonais lambda qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n’est que le cri de mon âme qui est convaincue de ce que cet acte causera la perte de notre Gabon.
Qu’on ose donc me traduire devant les tribunaux et que l’enquête sur la situation précaire des conditions de vie des Gabonais ait lieu au grand jour ! J’attends.
Veuillez agréer, monsieur le Président, l’assurance de mon profond respect.
J’aimerais signer Emile Zola, mais j’ai emprunté sa plume pour décrier les injustices de ma génération à des années lumières de la sienne.
Claude Marie ANDTOUNGOU
Auteur : Rédaction GabonSoir