Les discussions sur l’avenir des soins au 21e siècle doivent donner la priorité aux conditions de travail et aux opportunités de carrière - sinon les droits des personnes handicapées seront menacés, a averti lundi un expert indépendant des droits de l’homme nommé par l’ONU.
Gerard Quinn, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées, a déclaré que « les emplois sans issue, les bas salaires, les mauvaises conditions et le peu de place pour la mobilité sociale » dans le secteur des soins ne sont pas un moyen de construire des systèmes résilients, comme la pandémie de COVID-19 l’a montré.
S’exprimant lors de l’ouverture de la nouvelle session du Comité des droits des personnes handicapées (CDPH) des Nations Unies à Genève, il a souligné la situation particulièrement défavorable des travailleuses de la santé.
« La ‘féminisation de la pauvreté’- où les femmes aidantes sont presque toujours gravement désavantagées - ne peut pas continuer », a-t-il déclaré, ajoutant que considérer de manière sérieuse le sujet des droits signifiait qu’il fallait être sérieux au sujet de l’écosystème qui les fragilise.
M. Quinn a souligné que les discussions sur les droits des personnes handicapées n’existaient pas dans le vide et devaient mettre l’accent sur les droits des femmes, ainsi que faire prendre conscience aux prestataires de services du secteur - une « industrie de plusieurs milliards de dollars » - qu’eux aussi ont un rôle à jouer dans la réalisation des droits humains.
Selon M. Quinn, loin d’être un « instrument isolé ou hermétiquement clos », la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées « a appuyé sur un bouton de réinitialisation dans tant de domaines - climat, conflit, développement, démocratisation ».
Le Rapporteur spécial a présenté en avant-première son prochain rapport sur les conflits et le handicap qui sera publié en octobre, se disant « choqué » d’apprendre que seulement 6% des traités de paix des 30 dernières années mentionnent le handicap.
Il a déploré cette « occasion gâchée » de construire un avenir plus inclusif à un moment charnière de la vie de toute communauté politique, insistant sur le fait que cela devait changer – tout comme le fait que « les excuses officielles, la responsabilité pénale, les réparations et la commémoration des torts passés ont tendance à exclure les personnes handicapées ».
Les Rapporteurs spéciaux sont mandatés par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies pour surveiller et faire rapport sur des questions thématiques spécifiques ou des situations nationales et travaillent sur une base volontaire. Ils servent à titre individuel, ne font pas partie du personnel de l’ONU et ne reçoivent pas de salaire.
S’exprimant également lors de l’ouverture de la CDPH au nom du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme ( HCDH ), Asako Hattori a déclaré que le Bureau continuait à travailler sur le thème des systèmes de soins et de soutien inclusifs et préparait actuellement un rapport sur les bonnes pratiques pour l’inclusion communautaire des personnes handicapés, qui sera présenté au Conseil des droits de l’homme l’année prochaine.
Elle a souligné que depuis avril, le Bureau avait contribué à l’élaboration d’orientations politiques à l’échelle du système des Nations Unies sur les « soins ».
Selon le H CDH , on estime à un milliard le nombre de personnes handicapées dans le monde, soit environ 15% de la population mondiale.
Pour aider à défendre leurs droits, la CRPD, un organe de 18 experts indépendants, surveille la manière dont les pays mettent en œuvre la Convention relative aux droits des personnes handicapées et leur fournit des recommandations.
A ce jour, 187 Etats ont ratifié la Convention, entrée en vigueur en 2008. Au cours de sa session en cours, qui se poursuivra jusqu’au début septembre, le Comité examinera les rapports d’Andorre, de l’Autriche, de l’Allemagne, d’Israël, du Malawi, de la Mauritanie, de la Mongolie et Paraguay.
Auteur : Gabon Matin