Près de 60 % de la population du Soudan du Sud pourrait se trouver en situation d’insécurité alimentaire aiguë durant la période de soudure de 2025, ont alerté lundi des agences des Nations Unies. Les rapatriés fuyant la guerre au Soudan voisin ainsi que les jeunes enfants font face à des niveaux de faim et de malnutrition particulièrement élevés, exacerbés par des pressions économiques, des extrêmes climatiques et l’impact du conflit au Soudan.
Environ 7,69 millions de personnes risquent de se trouver en situation de crise alimentaire (phase 3 de l’IPC) ou au-delà. Parmi elles, 2,53 millions devraient atteindre la phase 4 (urgence alimentaire), et 63 000 la phase 5 (catastrophe).
Ces chiffres montrent une détérioration rapide de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition, en raison de la crise économique, des chocs climatiques répétés (notamment des inondations) et de l’insécurité persistante. L’afflux de rapatriés et de réfugiés fuyant le conflit au Soudan aggrave cette crise, ajoutant une pression accrue sur un pays déjà fragile.
Selon les récentes estimations de l’IPC, plus de 85 % des rapatriés ayant fui le Soudan pourraient se retrouver en insécurité alimentaire aiguë durant la prochaine période de soudure en avril. Ils représenteront près de la moitié des personnes en situation de famine imminente.
« D’année en année, la faim atteint des niveaux parmi les plus élevés jamais enregistrés au Soudan du Sud. Les zones les plus touchées montrent clairement l’impact combiné du conflit et de la crise climatique », a déclaré Mary-Ellen McGroarty, Représentante du PAM au Soudan du Sud.
Entre septembre et novembre 2024, l’ONU estime que 6,3 millions de personnes (47 % de la population analysée) sont en phase 3 de l’IPC ou au-delà. Parmi elles, 1,71 million sont en situation d’urgence alimentaire (phase 4), tandis que 41 000 font face à une famine imminente (phase 5).
La population en phase 5 comprend 10 000 personnes dans le comté de Malakal (État du Nil supérieur) et environ 31 000 rapatriés ayant fui le Soudan. Cela représente une hausse de 500 000 personnes en phase 3 ou plus par rapport à l’année dernière.
Par ailleurs, près de 2,1 millions d’enfants sont menacés de malnutrition, un chiffre en hausse par rapport aux 1,65 million précédents. La récurrence des maladies et le manque d’accès à l’eau potable aggravent la situation. Près de la moitié des enfants inclus dans les données collectées étaient malades dans les deux semaines précédant l’évaluation.
« La malnutrition résulte de multiples crises, notamment le manque d’assainissement et la prévalence des maladies d’origine hydrique, ainsi qu’une grave insécurité alimentaire », a expliqué Hamida Lasseko, Représentante de l’UNICEF au Soudan du Sud.
L’UNICEF s’inquiète de la hausse continue du nombre d’enfants et de mères exposés à la malnutrition, soulignant l’urgence de s’attaquer aux causes profondes de la crise, tout en apportant un soutien nutritionnel immédiat aux enfants les plus vulnérables.
Auteur : Gabon Matin