Libreville, le




Demande d’audience

Situation politique du Ntem : lettre de Kennedy Ondo Mba à Noureddin Bongo

Situation politique du Ntem : lettre de Kennedy Ondo Mba à Noureddin Bongo © 2020 D.R./GabonSoir

GabonSoir vous livre la demande d’audience du journaliste et communicant Kennedy Ondo Mba adressée à Noureddin Bongo Valentin, relative à la situation politique du département du Ntem (Bitam, Woleu-Ntem).

Libreville, le 17 juillet 2020

Monsieur le Coordonnateur Général, cher compatriote,

Bien que n’étant pas rompu à la politique et à ses formulations langagières parfois un peu trop complexes à mon sens, mais au regard de l’importance cruciale du sujet indiqué en objet, je me suis résolu à m’adresser directement et respectueusement à vous. Démarche assimilable à un cri du cœur et relativement à laquelle je vous prie d’ores et déjà de m’accorder votre précieuse attention.

Tout d’abord, je précise que c’est en ma double qualité de fils du Woleu-Ntem, notamment du Département du Ntem (Bitam), et de frère cadet de l’Honorable Député Emmanuel Norbert Tony ONDO MBA, en détention provisoire depuis le 13 décembre 2019 pour les raisons que vous connaissez parfaitement, que j’ai l’honneur de vous saisir par la présente.

Monsieur le Coordonnateur Général des Affaires Présidentielles,

Cela fait aujourd’hui sept (7) mois que ce fils du Département du Ntem et « soldat » du Chef de l’Etat Ali BONGO ONDIMBA est poursuivi pas la justice de notre pays, séjournant depuis lors dans une cellule de la Prison Centrale de Libreville, littéralement coupé du monde et de sa famille.

Comme je viens de le rappeler, Emmanuel Norbert Tony ONDO MBA, est bien un élu et un représentant des populations de la Commune de Bitam.

Ayant reçu mandat de la majorité desdits concitoyens par la voie consacrée des urnes, sa situation actuelle prive ces derniers d’une représentation totalement légitime et les plonge dans une grande tristesse et un désarroi certain aux effets politiques locaux inévitablement dévastateurs pour la Majorité au pouvoir.

Pour mémoire, depuis années, notamment entre 2009 et 2016, les ressortissants de Bitam, ont toujours voté majoritairement pour le camp politique de l’opposition. Pourtant, en particulier grâce à son projet politique novateur, fédérateur et pragmatique présenté aux électeurs de cette contrée lors de l’élection législative de 2018, Monsieur ONDO MBA a incontestablement été l’homme providentiel et plébiscité ayant su faire inverser cette tendance hostile à la politique prônée par le Président de la République, Chef de l’Etat, Son Excellence Ali BONGO ONDIMBA.

Au moment où se susurrent ici et là des rumeurs persistantes quant à vos éventuelles futures ambitions majeures pour notre pays, et vous sachant capable de relever les défis y afférents au regard de votre forte volonté à améliorer le sort de nos compatriotes les plus démunis et désespérés, vous gagneriez donc certainement à voir en la personne de Tony ONDO MBA un excellent relai et une parfaite incarnation de l’espérance et de l’espoir nécessaires à notre patrie, aujourd’hui plus qu’hier

Ceci d’autant plus que lui et bon nombre de fils de la province septentrionale ont des assises politiques solides dans leurs circonscriptions électorales respectives ; des acquis qui ne peuvent être que d’une très grande utilité pour la vulgarisation et la mise en œuvre des différentes actions dont vous pouvez être l’initiateur.

Monsieur le Coordonnateur Général des Affaires Présidentielles,

En attendant cette issue heureuse que j’appelle de tous mes vœux, et depuis l’incarcération spectaculaire et donc humiliante de certains de ces fils du Woleu- Ntem, les jeunes de cette province se radicalisent. Des notables ne cessent de hurler leur peine en demandant sans cesse la libération de leurs « enfants ».

Pour ces membres de la notabilité provinciale, selon leurs propres mots à propos desquels je ne fais ici que vous servir de messager fidèle, ces jeunes « ne sont pas les premières personnes supposées avoir détourné l’argent du contribuable dans notre pays », en ajoutant que plusieurs personnes que notre nation a accueillies, parfois en les nommant à de très hautes fonctions de la République, sont également accusées par les Gabonais d’avoir trahi impunément la nation via les mêmes faits.

 

Pour lesdits « anciens », ces responsables n’ont curieusement jamais été inquiétés. Toute chose occasionnant frustration et révolte en eux.

En ce qui me concerne, toutes ces injustices manifestes, que je qualifie aussi de volontaires, ne cessent de fragiliser notre cohésion sociale, avec comme corolaire le rejet grandissant par les Gabonais de leurs Institutions.

Monsieur le Coordonnateur Général des Affaires Présidentielles,

Il ne s’agit évidemment pas ici de vous demander d’interférer dans le cours de la justice qui, conformément à nos préceptes républicains, est une institution indépendante. Toutefois, vous n’êtes pas sans ignorer que le dernier épisode de

« l’Opération Scorpion », est désormais considéré davantage sous un prisme politique, voire politicien, que sous celui du droit proprement dit.

La perception prédominante sur cette affaire, c’est-à-dire dorénavant largement répandue au sein de l’opinion, est éminemment politique ; avec des effluves que d’aucuns assimilent à ceux d’un règlement de comptes contre les membres de « L’Association des Jeunes Volontaires Emergents », un mouvement que je n’ai, au passage, jamais soutenu et qui a reçu en son temps le fort soutien de certains Hauts responsables de la République dont beaucoup sont encore en place ou ont même été étrangement promus.

Je suis par ailleurs très affligé de voir certains de ces ex-grands soutiens de l’AJEV se donner en piteux spectacle lorsqu’ils se plaisent aujourd’hui à nier leur appartenance directe ou indirecte à ce mouvement politique alors dirigé par l’ancien Directeur de Cabinet du Chef de l’État, à savoir Brice LACCRUCHE ALIHANGA.

Assurément, eu égard au fait que pour ce type de personnages la politique est ainsi faite, toutes ces personnes éhontées qui nient aujourd’hui leur proximité avec ce dernier vous feront aussi ce coup demain, si jamais les événements tournaient un jour en votre défaveur (ce que je ne souhaite point). « Qui a trahi trahira », dit-on.

Pour finir, je ne puis manquer de solliciter votre indulgence et le discernement qui vous a si souvent caractérisé. Votre pragmatisme et ces qualités vous aideront certainement à ne trouver d’abord en Tony ONDO MBA qu’un soutien infaillible du Chef de l’Etat, ainsi qu’il me l’a lui-même encore réaffirmé sans ambages lors de notre dernier échange par écrit à la Prison Centrale de Libreville, il y a quelques jours.

Malgré la peine qui m’habite depuis le 02 décembre 2019, date de l’arrestation de mon frère ainé à l’Assemblée Nationale par les éléments de la DGR et du B2, sans oublier les interrogatoires « musclés » et nocturnes auxquels il a été soumis, je reste ouvert à un échange sincère avec vous-même pour évoquer tout ce qui précède. Si vous me faites l’honneur de m’accorder une telle entrevue, je me plairais volontiers à vous faire également part de mon diagnostic exhaustif de la situation politique de la Province du Woleu-Ntem et de la commune de Bitam en particulier.

Comme vous le savez, cette ville frontalière a été également touchée par la crise sanitaire liée à la Covid-19. Une pandémie qui est venue rendre encore plus difficile, la situation sociale pas déjà reluisante de la majorité des Gabonais qui espèrent beaucoup de leurs gouvernants et autorités.

Dans l’attente et vous remerciant sincèrement de votre précieuse attention, je vous prie d’agréer, Monsieur le Coordonnateur Général, l’expression de mon profond respect et de ma fraternité patriotique.

Kennedy ONDO MBA

Auteur : Rédaction GabonSoir


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