Depuis 1990, en tant qu’observateurs avertis de la vie politique au Gabon, nous pouvons affirmer que le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) semble opérer en coalition avec le Parti Démocratique Gabonais (PDG) pour la gestion de la période de transition et la participation aux élections de 2025.
Dès la prise de pouvoir par le CTRI, les observateurs notent que les militaires sous-estimaient initialement la capacité d’influence du PDG, notamment son implantation dans les cercles ésotériques, les confessions religieuses et au sein de l’administration gabonaise. Malgré l’absence de bilan probant, le PDG semblait destiné à diriger le Gabon jusqu’en 2050, bien que le leader Ali Bongo, affaibli par la maladie, ait perdu le contrôle effectif.
Face à cette réalité, le CTRI, ne maîtrisant pas totalement les arcanes du pouvoir, a rapidement compris qu’une gestion unilatérale sans l’implication du PDG serait difficile. Ainsi, l’intention initiale d’incarcérer les acteurs clés du PDG, tels que Sylvia Bongo et son fils, a été abandonnée. Le message du président de la transition, indiquant qu’il n’y avait plus de place pour les partis politiques et prônant l’unité nationale, semble avoir été une manœuvre préparatoire pour réintroduire le PDG sur la scène politique.
En effet, derrière le coup de force applaudis par certains Gabonais, le Général Oligui Nguema, avec son parcours au sein du PDG aux côtés du président Omar Bongo et Sylvia Bongo, originaire de Ngouoni, un bastion pédegiste, ne pouvait échapper à cette logique. Les observateurs estiment que le général et certains membres du CTRI ont obtenu leur grade grâce au PDG, ce qui soulève des questions sur la réelle autonomie du CTRI par rapport au parti historique.
La stratégie du CTRI pour asseoir sa légitimité semble consister à faire semblant d’associer divers acteurs, y compris des opposants de l’alternance 2023, des activistes critiques envers le régime Bongo-PDG, et même d’anciens alliés d’Ali Bongo devenus ses opposants. Cette coalition hétérogène offre au CTRI une façade d’unité nationale tout en consolidant ses positions de pouvoir.
Alors que la transition politique se poursuit au Gabon, les observateurs restent attentifs à l’évolution de cette coalition entre le CTRI et le PDG, se demandant si elle perdurera jusqu’aux élections de 2025 et quelles implications cela pourrait avoir pour l’avenir politique du pays.
Auteur : Ader Yadano
